Micrologies

Hamilton, Mémoires du comte de Gramont.


Antoine Hamilton (1646-1720), Irlandais d’origine mais qui écrivait en français, a publié entre autres une biographie romancée de son beau-frère, le comte de Gramont. Ce texte, prisé par Fontenelle ou Voltaire était apprécié par Étiemble au point qu’il l’a inclus dans un volume de Romans du XVIIIe siècle, dans la Pléiade.

Or, chose rare, j’ai eu du mal à terminer ce court ouvrage. Ce Gramont est un plat courtisan, qui dissimule sa flagornerie sous des airs d’indépendance, et pour qui c’est le comble de la disgrâce que d’échanger la cour de France pour celle d’Angleterre. On est loin de la vigueur corrosive de Saint-Simon.

Quant au style, si vanté, et qui est censé annoncer les grands prosateurs du XVIIIe siècle, on lui fait beaucoup d’honneur : une feinte négligence dans l’emploi des pronoms ; des répétitions, pour affecter qu’on écrit vite et sans se corriger ; des phrases brèves et la recherche – parfois laborieuse – de la pointe. Surtout, l’oreille est vite fatiguée par les vers qui parsèment cette prose : « Comme la chasse était son plaisir favori, cet exercice l’occupait une partie du jour. »



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