Micrologies
Les Martyrs, roman épique de Chateaubriand (1809), prolonge l'entreprise poétique et religieuse commencée avec Le Génie du christianisme (1802) : associer l'apologie de la religion avec un renouveau moderne des formes littéraires, déjà romantique. L'auteur situe son histoire dans les premier temps du christianisme, vers la fin du IIIe siècle.
L'un des personnages de l'oeuvre, Velléda, a un fondement historique. Une prêtresse des Germains qui portait ce nom fut une des plus farouches adversaires des Romains pendant la révolte du chef batave Civilis contre Rome (69-70 ap. J.-C.). C’est par les Histoires de Tacite (livre IV) que l’on connaît la Véléda historique (avec un seul « l ») : cette vierge de la nation des Bructères était réputée avoir un don de prophétie : elle aurait prédit la victoire aux Germains révoltés. Personne n’avait le droit de la voir : elle vivait dans une tour élevée, d’où l’un de ses proches apportait ses messages. Le poète Stace, dans ses Silves (I, IV, 90), évoque au passage « les supplications de la captive Véléda », ce qui semble indiquer qu’elle aurait fini ses jours à Rome.
Chateaubriand, conservant son nom et son image, a déplacé son personnage jusqu’à l’époque de Dioclétien, à la fin du IIIe siècle où il situe son roman. Au cours de l’affrontement symbolique des deux religions, chrétienne et païenne, qui fait le sujet de son épopée religieuse, la jeune druidesse Velléda se suicide avec sa faucille d’or pour avoir trahi ses vœux dans les bras d’un jeune Romain, Eudore, qui reviendra ensuite à la religion chrétienne, avant de trouver le martyre. Ces éléments sentimentaux et romantiques (la jeune barbare) feront le succès particulier de ce personnage épisodique du roman.
On peut trouver sur Wikipédia (article Velléda) une longue liste de textes, d’œuvres musicales ou plastiques inspirés par ce personnage à l’époque romantique.
