Micrologies

Ovide, Métamorphoses, V, 438-461.


Interea pauidae nequiquam filia matri
omnibus est terris, omni quaesita profundo.
Illam non udis ueniens Aurora capillis
cessantem uidit, non Hesperus ; illa duabus
flammiferas pinus manibus succendit ab Aetna
perque pruinosas tulit inrequieta tenebras ;
rursus ubi alma dies hebetarat sidera, natam
solis ab occasu solis quaerebat ad ortus.
Fessa labore sitim conceperat, oraque nulli
conluerant fontes, cum tectam stramine uidit
forte casam paruasque fores pulsauit ; at inde
prodit anus diuamque uidet lymphamque roganti
dulce dedit, tosta quod texerat ante polenta.
Dum bibit illa datum, duri puer oris et audax
constitit ante deam risitque auidamque uocauit.
Offensa est neque adhuc epota parte loquentem
cum liquido mixta perfudit diua polenta :
conbibit os maculas et, quae modo bracchia gessit,
crura gerit ; cauda est mutatis addita membris,
inque breuem formam, ne sit uis magna nocendi,
contrahitur, paruaque minor mensura lacerta est.
Mirantem flentemque et tangere monstra parantem
fugit anum latebramque petit aptumque pudori
nomen habet uariis stellatus corpora guttis.

Cependant, vainement la mère éperdue a recherché sa fille dans tous les coins de la terre, et partout sur l'océan. À son lever, l'Aurore aux cheveux humides ne la trouve pas au repos, ni non plus Hespérus. Cérès, à deux mains, alluma aux feux de l'Etna des torches faites de troncs de pins qu'elle porte, sans répit, à travers les ténèbres glaciales. Dès que le jour bienfaisant avait fait disparaître les étoiles, du lever au coucher du soleil, elle repartait en quête de sa fille. Épuisée par l'effort, elle avait soif, sans une seule source où se désaltérer, quand elle aperçut une chaumière dont elle heurta la petite porte ; alors, s'avance une vieille femme qui voit la déesse et, comme celle-ci lui demandait de l'eau, elle lui donna une boisson douce qu'elle avait recouverte d'orge grillé. Pendant que la déesse avale ce qu'on lui offre, un enfant effronté, au visage dur, s'arrêta devant elle, rit et la traita de gloutonne. Elle en fut offensée et, comme sa boisson n'était pas complètement bue, la déesse versa sur le bavard le reste du mélange d'orge et de liquide. Son visage s'imprègne de taches et, au lieu de bras, il a des jambes ; une queue s'ajoute à ses membres transformés ; et il est ramassé en une forme brève, de manière à diminuer sa force de nuire, et sa taille est moindre que celle d'un petit lézard. La vieille s'étonne, pleure et cherche à saisir cet animal prodigieux, mais il la fuit et cherche une cachette ; son nom est en rapport avec sa couleur, avec son corps constellé de mouchetures variées.

Trad. A.-M. Boxus et J. Poucet.


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