Montaigne, à propos des femmes à la mode : « Pour faire un corps bien espagnolé, quelle gehenne ne souffrent-elles guindées et sanglées, avec de grosses coches (1) sur les costez, jusques à la chair vive ? ouy quelquefois à en mourir » (2). Le « corps espagnol » , c’est un buste plat, pour lequel on souffrait donc au XVIe siècle autant qu’au XIXe, avec le corset, pour une taille fine.
Or on trouve la même expression, au début de Pantagruel, dans l’épitaphe de Badebec, la femme de Gargantua, qui meurt en donnant naissance à Pantagruel :
Sur les manches des rebecs, instruments à corde, on sculptait des figures grotesques. De plus, le buste plat de l’Espagnole s’allie ici au ventre rebondi de la Suissesse. On ne saurait imaginer caricature plus efficace et plus concise. La mode a dû changer, car l'expression semble être vite sortie de l'usage.