Philippe Jaccottet fut un lecteur occasionnel de Samuel Pepys. Il lui a consacré dans La Semaison une notice plutôt sévère (1). Dans un premier temps, il est amusé par le diariste :
Mais le poète relève bientôt sa dureté, sa cupidité (il accepte des pots-de-vin), sa petitesse morale (« il trouve toujours des arguments saugrenus pour excuser ses manquements »). Vient ensuite une remarque plus originale :
Trait d’époque donc que ce type social et psychologique, qu’on retrouve chez le dramaturge français ? « Ainsi est avérée la peinture d’un monde qui se retrouvait donc à Londres aussi bien qu’à Paris. » L’extériorité de son regard distant par rapport à un homme dont la mentalité lui est fondamentalement étranger permet certes à Jaccottet le recul et la distance du jugement, mais le condamne aussi à une certaine superficialité : la pratique de l’examen de conscience, l’alliance, propre au monde protestant, entre la quête de la réussite matérielle et sociale et l’angoisse morale intérieure font de l’Anglais Pepys un type humain fort différent de ceux créés par Molière. Peut-on, de plus, comparer légitimement personne réelle et personnage de théâtre, écriture intime et parole proférée sur scène ?