Micrologies

Palindrome


La première des douze autobiographies imaginaires réunies par Jacques Roubaud dans Nous les moins-que-rien, fils aînés de personne est une « Vie de Jacques le Stylite », lequel, après des enfances qui parodient celles d’Augustin, passe la majeure part de son existence, à l’image du célèbre Siméon, juché sur des colonnes, mais celles-ci de hauteur croissante à mesure qu’il progresse dans l’ascèse, en vertu de la fameuse suite de Fibonacci où chaque nombre est la somme des deux précédents : 1 pied de hauteur, puis 2, 3, 5, 8, 13, et ainsi de suite jusqu’à 1597, hauteur à laquelle il constate que « la communication avec la base est devenue très ardue ».

Parmi les obsessions mathématiques et symétriques de ce bizarre anachorète, on trouve cité (mais avec des coquilles) ce palindrome grec, préoulipien en quelque sorte :

ΝΙΨΟΝ ΑΝΟΜΗΜΑΤΑ ΜΗ ΜΟΝΑΝ ΟΨΙΝ
Nipson anomêmata, mê monan opsin.
Lave tes péchés, et non ton seul visage.

Cette sentence attribuée au père de l’Église Grégoire de Naziance pouvait se lire à Constantinople, sur la basilique de Sainte-Sophie ; elle est inscrite aussi sur plusieurs églises parisiennes ; on préférera cette humble fontaine rurale, devant l’une des chapelles rustiques qui font le charme de l’île grecque d’Ikaria :

Palindrome
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