Micrologies

Grotius


Le juriste Hugo de Groot, dit Grotius (1583-1645) est connu pour être l’un des initiateurs des notions de « droit naturel » et de « pacte social » ; en tant que tel, il est considéré comme un lointain prédécesseur de Rousseau. Il est aussi l’un des fondateurs du droit international avec son ouvrage De jure belli ac pacis.

Ce natif de Delft, comme Vermeer, est évoqué en tant que tel dans l’ouvrage de Timothy Brook, Le Chapeau de Vermeer (1). Le lien entre les deux hommes ? Leur implication dans cette première mondialisation qui met en place au XVIIe siècle un négoce international à l’échelle intercontinentale. Les objets issus de ce commerce apparaissent dans les tableaux du peintre ; quant au juriste, il a répondu à une commande de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, dont Delft est l’un des sièges : son traité De jure praedae, qui jette les bases du droit maritime et pose le principe de la liberté du commerce, vise à fournir des arguments aux négociants hollandais : s’emparer d’un navire de commerce étranger est légitime en cas de guerre. Or, le blocus de la Hollande par les Espagnols crée de fait une telle conjoncture, à laquelle le juriste répond en posant des principes théoriques.

Ce qui est intéressant ici, c’est précisément que l’avancée du droit ne résulte pas d’un travail abstrait, mais qu’elle est la réponse à une configuration historique précise.

1. 2008, trad. fr. 2010, éd. de poche p. 102.



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